N’oublions pas que, à l’origine, RV avait été fixé le Samedi à 10h00.
Attablé à « La Clairière » devant un petit noir fleurant bon le café moulu hard-discount format familial fraîchement extrait du dernier demi bar de pression survivant de l’antique machine à café du bistrot, je gardais l’œil rivé sur le parking d’en face désespérément vide de tout deux roues au profit des 4X4 familiaux des troglodytes s’apprêtant à ramper dans quelque boyau nauséeux des alentours histoire de tirer la chasse de leur urbanité crasse.
J’attendais, disais-je avant d’être interrompu par mes digressions, soumis à la difficile pression de La Fouine furetant casque à la main. La Fouine teste la patience de la femelle Bosseron dont le nom m’échappera décidemment toujours bien que je le demande régulièrement (Sultane ?; Royale ? ; Iznogoud ?) allongée devant la porte d’entrée, en l’enjambant toutes les deux minutes pour aller une fois chez ses grands-parents, une fois chez son grand oncle à la recherche des motards perdus sous une pluie fine et tenace dont la Côte d’Or nous gratifie toujours à notre passage peu après Beaune.
Ainsi installé devant le breuvage sus-décrit, je ruminais ma mauvaise humeur liée à la météo, à l’ancien propriétaire des lieux exigeant des rétro-commissions sur ceux désirant utiliser sa précieuse électricité, ainsi qu’au nouveau propriétaire fervent tenant de l’interdiction de fumer dans son lieu public.
A 10h13, je me décide à braver les éléments.
Seul Bobo l’Aspi semblait manifester le même enthousiasme que La Fouine pour imprimer sa trace dans les champs alentours.
A ce stade de l’exposé, je me dois de saluer la prévoyance peu banale de Bobo l’Aspi dont la check-list avant départ est impressionnante :
- vérification de l’étanchéité de la fermeture éclair du blouson (en cuir évidemment)
- repassage du pantalon
- ajustement de la jugulaire du casque flambant neuf
- tests multiples d’ouverture-fermeture de la visière dudit casque
- réglage au millimètre des anses du sac à dos lesté :
- d’un téléphone portable (charge vérifiée ; batterie de secours embarquée)
- d’une cartouche de cigarettes avec ses deux briquets
- de deux paires de gants (1 paire hiver, 1 paire demi-saison)
- de victuailles équivalant à environ 1 semaine de nourriture pour 4 personnes. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit uniquement du 4 heures de Bobo (Dukan mon œil)
- d’une couverture de survie
- d’une tente igloo (utilisée une seule fois au camp de base 6700 de l’Himalaya)
C’est avec tristesse que Bobo laissera son carburateur de rechange et sa malle d’outils divers et variés. Ceci dit, pour partir dans un rayon de 2 kms, tout n’était peut-être pas nécessaire.
En plus, vue la photo ci-dessus, il manquait un élément essentiel dans ce fameux sac à dos.
Et tant de précautions pour quoi ? Pour rouler pieds joints sur la selle, foncer dans les fondrières, pratiquer wheeling et stoppies !
Je dis qu’au-delà du vélo à roulettes, ce Bobo l’Aspi est dangereux.